… Les fils, chers à l’artiste, continuent à être malgré leur finesse arachnéenne, ou à cause de cela, une structure de force et c’est à une succession de
découvertes visuelles que l’oeuvre est jugée. C’est d’abord une forme, souvent dépourvue d’angles, mais au contraire
prodiguant, grâce à ses rondeurs, ce qui semble un abri, et puis de multiples messages se dévoilent à nous. Ce sont des
femmes, seules et attentives à leur univers de fleurs, de soleil, de lune. Le noir et le blanc dominent mais changent vite, car
la lumière de lampes invisibles vient endiamanter les courbes et les changer en dômes, et puis Kaouther s’amuse à lâcher
un papillon de couleur, cette couleur qu’elle ne dédaigne pas mais à laquelle elle veut redonner son rôle : réjouir le regard
et rappeler la nature, mais aussi animer une conversation féminine, jouer sur la transparence des tissus et la beauté des
jardins. Avec un fil, qui comme elle le dit elle-même pourrait faire jouer un enfant, elle crée seulement «ses» personnages :
femmes rêveuses, femmes laborieuses, femmes langoureuses, mais aussi elle anime tout ce qui, autour de nous, est beau.
Ces femmes à leur tour, font vivre ce qu’elles touchent, les mousselines qui les drapent et le lit où elles paraissent dormir.
Cela nous rappelle que le fil se transforme et transforme. Ses supports varient et s’enrichissent. Ce sont des dalles de verre
et non de simples cadres vitrés qui complètent la présentation.
J’imagine l’artiste et l’artisan qu’elle associe, échangeant leurs connaissances et leurs spécificités, pour créer chaque fois plus beau et plus nouveau.
Pour ne pas se perdre dans le labyrinthe de ses choix, il faudra désormais suivre le fil de Kassou.